Un Noël à partager - Partie 6 : Un Noël à partager - Goufablog
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25
déc.
2013
Un Noël à partager - Partie 6 : Un Noël à partager
Noël - par Goufalite - 3090 hits

– Il faut évoluer, se dit Crogue.

Il marmonnait cette phrase en boucle en étant assis au bord de son lit.

– Il faut évoluer.

Il en avait assez de ces leçons apprises cette nuit, il en avait assez vu. Il regarda sa chambre et vit comme des trous dans le mur. Il savait que son regard fatigué lui jouait des tours suite à cette longue nuit, mais il pouvait s'imaginer des téléchargeurs directs tenter de grappiller un peu de culture en y branchant leur clef ou leur câble.

– Une bataille perdue.
– Comme s'ils s'adaptaient.
– Un retour de bâton si fort...

Les phrases repassaient comme pour évacuer un trop plein.

Crogue se leva et prit son téléphone.

– Allô Aurélie ? Je ne te réveille pas ?

Une voix faiblarde se fit entendre au bout du fil.

– Euh... Monsieur Crogue c'est Noël et il est 6h du matin...
– Très bien, alors je voudrais que tu réserves une salle pour une conférence de presse dès que possible !
– Dès que possible ? Mais...

Un silence se fit puis la secrétaire reprit avec une voix plus vive :

– Très bien monsieur, la salle est réservée. Qui souhaitez-vous convoquer ?
– Laissez je m'en occupe, dit Crogue en raccrochant.

Crogue composa un autre numéro.

– Allô Daniel ? C'est Tonton, je te souhaite un joyeux Noël !
– Joyeux No... attendez ce n'est pas possible, qui êtes vous ?
– Arrête de plaisanter et écoute moi : est-il possible que tu euh... twitte c'est ça ? Twitte qu'une conférence de presse sur l'évolution aura lieu dans ma société ?
– L'évolution ? Euh oui, mais à quelle heure ?
– Dès que possible.
– Dès que possible ?
– Écoute, si tu répètes toutes mes phrases à l'interrogative on ne va jamais commencer. Dis-leur de se retrouver devant la société, on leur dira où aller.
– Où aller ?

Crogue raccrocha.

En se mettant devant le pupitre Crogue dévisagea la foule, il y reconnut Schouman et l'homme sur la boîte en carton du futur. Son neveu n'était pas loin et tout le monde le regarda avec un air méfiant.

– Mesdames et Messieurs, dit-il, nous sommes dans une ère où la concurrence est rude et il faut s'adapter en permanence. Nous devons trouver des solutions pour évoluer et mettre tout le monde d'accord.

Schouman semblait encore plus dubitatif que les autres et tout le monde retint son souffle.

– Je vous écoute, dit Crogue.

Il regarda les visages passer de la méfiance à l'ébahissement d'un coup et tout le monde se regarda en discutant.

– Alors ? Je vous écoute !

Une main timide se leva dans l'assemblée, une assistante lui donna un micro portatif.

– Euh, on pourrait instaurer une licence globale.
– Attendez ! (une autre personne leva la main, un micro arriva), il faudrait surveiller ce que consomment les gens pour établir une licence globale car elle implique que la personne paie systématiquement. En effet, que fait-on des gens qui ne consomment pas de la musique ?
– Il faudrait (une autre personne, les assistant courraient dans la salle avec leurs micros), il faudrait que les personnes renseignent les musiques qu'ils veulent écouter sur un site avec un catalogue indépendant.
– Mais pour ceux qui n'ont pas Internet (pas besoin de micro avec une telle voix) ? Il faudrait plus de concerts, pour faire connaître les artistes et pas seulement les plus rentables !
– Oui mais,...

Crogue regarda de son pupitre les assistants courir à travers la salle et vit la secrétaire en train de retranscrire chaque idée qui sortait de cette salle. Une révolution était en marche, son temps était fini. Il était en train de réfléchir à sa reconversion en coach artistique, DJ ou autre chose en dehors de la gestion contraignante de la rentabilité.

Il s'éloigna doucement de son pupitre et laissa la foule retranscrire toutes ses idées qu'elle a trop longtemps gardée pour elle, quand tout à coup il fut empoigné et on lui mit une cagoule sur la tête.

Plus tard il réalisa qu'il était dans le bureau du Big Boss, comme dans son rêve, sauf qu'à son grand soulagement ce n'était pas lui sur la chaise.

– Qu'est-ce que tu fabriques, Crogue ?
– Je m'adapte !
– J'ai cru que tu allais enfin sortir le grand plan pour mater toute cette vermine, j'ai poussé pour que tu réserves la salle pour ça, et maintenant...
– Et maintenant ils sont libres ! Écoutez, il ne faut pas s'acharner sur des gens qui ne vous ont rien demandé, au contraire ils peuvent nous proposer énormément d'idées pour s'adapter et s'en sortir sans avoir à se reconvertir complètement !
– On est déjà bien assis !
– Si vous voulez garder ce siège, faîtes politicien, trader ou marchant d'armes. Il paraît que la fraude se voit moins, après tout ce n'est pas la spécialité de ces gens...

Le visage du Big Boss devient écarlate.

– Embarquez-moi cet individu, il flingue notre système ! Hop, dans la cellule insonorisée 101 ! Je vais lui apprendre, moi, à battre le rythme.
– Non attendez !

Crogue se fit empoigner par deux agents vers l'ascenseur.

– Quand à vous, continua le Big Boss, on va devoir précipiter le Plan : verrouillage des catalogues et arrêt de la vente d'objets d'acquisition. C'est parti !

Les portes de l'ascenseur se fermèrent. Pendant la descente il pouvait voir comme dans un rêve à travers la vitre l'époque du passé qu'il a traversé, des joueurs de jazz au pied d'une maison, des concerts endiablés, des soirées étudiantes, la danseuse du passé,... comme si toutes ces générations essayaient de lui faire passer un ultime message.

– Désolé, dit Crogue en touchant la vitre, j'espère qu'ils trouveront un moyen de se faire écouter...

FIN


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