Un Noël à partager - Partie 2 : Tous des pirates

21
déc.
2013

Crogue s'arrêta dans un bar pour boire un verre. Il s'assit au niveau du comptoir et commanda un Whisky-Coca. Il se remémora le geste amical du conseiller de tout à l'heure et se...

– A la tienne mon pote !

Crogue dévisagea l'individu et fut surpris de voir une tête familière.

– Marley ! Jacques Marley ! C'est toi ? Mais qu'est-ce que tu deviens ? On n'a plus de nouvelles depuis que t'es parti de la boîte !
– Disons plutôt quand on m'a dégagé.
– Je ne comprends pas...
– Tu as bien entendu : au début j'étais content de fournir des idées pour aider la société à faire des bénéfices mais à un moment donné j'ai trouvé qu'on allait trop loin dans le répressif. Je me suis plaint au Big Boss et tout ce qu'il a trouvé à faire c'est de me mettre à la porte. Ma femme est partie en emportant la maison et la voiture et moi je vis avec mes deniers restants.
– Tu dois être à l'aise pourtant !
– Pas tant que ça. Maintenant je suis un citoyen lambda, je n'ai plus aucune protection et je suis en train de subir toutes les mesures que vous êtes en train de mettre en place pour protéger la culture, et vos intérêts. Je dois attendre 6 mois avant d'avoir un film sur un Blu-ray, je dois voir dans quel salle passe un film s'il y est encore, je paye au prix fort les eBooks et les CDs en sachant très bien que le coût de production est très faible...
– Je vois, et tu as essayé de te mettre à ton compte ?
– C'est bizarre mais je n'y arrive pas. Je trouve folles toutes ces mesures que l'on prend pour essayer d'endiguer le piratage. C'est grâce à ça que tout le monde achète les albums et c'est ce qu'on veut museler... de la pub gratuite !
– Mais le piratage est dangereux ! C'est une perte de revenus pour la boîte !
– Regarde autour de toi Albert...

Crogue scruta tous les clients du bar : la plupart avaient des écouteurs et les autres s'amusaient à siffler un mélodie soit pour attendre, soit pour faire deviner une chanson à leur interlocuteur.

– Regarde, dit Marley, et dis-moi que tous ces gens ne sont pas des pirates. Ils sont en train de reproduire des morceaux parce qu'ils les aiment, ils ont des baladeurs numériques qui peuvent contenir des milliers de chansons mais auraient-ils vraiment les moyens de toutes les acheter ?

Crogue se rabaissa dans son siège, il était entouré de pirates. Marley lui posa la main sur l'épaule.

– Écoute moi bien Albert, il ne faut pas plonger dans le répressif, ça rebute les clients. Il faut discuter avec eux, voir quelle solution pourrait leur plaire, établir des offres qui vont les faire venir demain. Si on ne s'y prend pas assez tôt on devra assurer un combat permanent et fastidieux alors que les pirates auront toujours une longueur technologique d'avance. Il faut que tu arrêtes de prendre ces mesures sinon tu en paieras les conséquences plus tard, tout comme moi.

Crogue se dégagea.

– Mais...
– Écoute moi bien : ce soir tu va être visité par trois esprits, trois artistes qui vont t'aider à trouver des solutions pour adapter ce modèle d'offre dépassé. Écoute-les bien et suis leurs conseils.
– Des esprits ? Voyons Jacques, je...
– Fais ce que je te dis, sinon tu aura un retour de bâton si fort...

Marley finit son verre, laissa un billet et partit du bar.

– Tu verras..., dit-il.

Il sortit en sifflotant un prélude de Bach.

Crogue esquissa un mine étonnée et sortit du bar à son tour. Il passa devant quelques boutiques qui diffusaient des chansons de Noël. Il se dit intérieurement que ces chansons étaient restées trop longtemps libres et qu'il faudrait les adapter pour en récupérer les droits.

Arrivé sa voiture il se détendit sans musique et monta à son appartement. Il se coucha en sifflotant le prélude de Bach entendu précédemment.

A SUIVRE : L'artiste du passé

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